Turquie : 231 personnes, dont 12 journalistes, interpellées pour liens présumés avec des terroristes
Une intensification des opérations militaires et judiciaires contre le PKK suscite des critiques
Le gouvernement turc a annoncé l’interpellation de 231 personnes, dont 12 journalistes, écrivains et poètes, lors d’une série d’opérations simultanées menées dans 30 provinces au cours des dernières 24 heures. Ces arrestations s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), qualifié de groupe terroriste par Ankara.
Des accusations de soutien au PKK
Selon le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, les personnes arrêtées sont accusées de financement, de propagande en faveur du PKK ou d’avoir participé à ses activités politiques et médiatiques. Cette nouvelle vague d’arrestations a suscité une vive réaction des organisations de défense de la liberté de la presse, telles que Dicle Firat et Mesopotamia, qui dénoncent une répression visant les journalistes et appellent à une manifestation de protestation prévue ce mercredi à Diyarbakir, la plus grande ville kurde du sud-est de la Turquie.
Une intensification des offensives militaires
Parallèlement à ces arrestations, les forces armées turques ont intensifié leurs opérations transfrontalières en Irak, ciblant les bastions du PKK. Selon le ministre de la Défense, Yasar Güler, l’armée affirme avoir repris le contrôle de la région de Zap et éliminé la présence des combattants kurdes dans cette zone stratégique.
Ces offensives militaires s’inscrivent dans une campagne plus large visant à affaiblir le PKK sur tous les fronts, bien que cette approche suscite des critiques de la part des défenseurs des droits humains et des observateurs internationaux, qui dénoncent un usage excessif de la force et une restriction des libertés civiles.
Une stratégie ambiguë envers la communauté kurde
Ces événements interviennent alors que le président Recep Tayyip Erdogan envoie des signaux contradictoires concernant la communauté kurde. Tout en intensifiant les opérations militaires et judiciaires contre le PKK, il a évoqué la possibilité de gestes d’apaisement, notamment une éventuelle libération d’Abdullah Öcalan, chef historique du mouvement kurde, emprisonné depuis 1999.
Cette double approche, oscillant entre répression militaire et ouverture politique, soulève des interrogations sur la stratégie d’Ankara vis-à-vis des Kurdes. Si certains y voient une tentative de maintenir un équilibre entre fermeté et dialogue, d’autres dénoncent une instrumentalisation politique visant à affaiblir les revendications kurdes tout en apaisant les tensions internes et internationales.
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