Quelle est l’importance du classement de la Cassave au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO ? 

L’UNESCO ajoute cette année plus d’une soixantaine de nouveaux éléments à son patrimoine culturel immatériel, incluant la Cassave, lors d’une réunion qui se déroule actuellement à Asunción, au Paraguay, du 2 au 5 décembre 2024. L’objectif de cette reconnaissance est de sensibiliser le public sur l’importance du patrimoine culturel, qui illustre les modes de vie et les échanges au sein des différentes communautés.

Cette inscription a une portée symbolique. Le fait d’être inscrit au patrimoine immatériel suscite l’intérêt des médias internationaux pour des traditions locales, ce qui peut générer des retombées touristiques et une visibilité accrue.

Haïti, qui compte déjà un élément au patrimoine culturel universel, la soupe au giraumon, est reconnu cette année, aux côtés d’autres pays de la région, pour l’art de la fabrication et de la consommation de la Cassave.

Depuis l’adoption de la convention sur le patrimoine culturel immatériel en 2003, ce concept a pris de l’ampleur, avec 183 signataires et 145 États ayant reçu une reconnaissance pour leurs éléments culturels. Cela met en évidence l’importance de conserver et de promouvoir des traditions uniques qui illustrent la richesse de la diversité culturelle mondiale.

Concluons cette réflexion avec les propos de Dominique Dupuy, l’ambassadeur d’alors qui a porté ce dossier aux côtés de plusieurs experts nationaux et internationaux, dont le professeur haïtien Ricarson Dorcé :

“L’inscription de la Cassave sur la Liste Représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité souligne l’appartenance d’Haïti à un héritage commun avec la région de l’Amérique latine, rappelant que son histoire précède la colonisation européenne et est enracinée dans des traditions millénaires. Cette reconnaissance met en lumière la résilience du peuple haïtien face aux défis historiques, tels que l’extermination de la population taïno et l’esclavage, et célèbre la transmission de savoir-faire entre les Taïnos et les esclaves africains. La Cassave, symbole d’une identité partagée, incarne à la fois des traumatismes et des triomphes, et souligne le devoir des Haïtiens de préserver et transmettre ce patrimoine aux générations futures.

La présentation de la Cassave au monde est également une occasion d’affirmer la solidarité des pays partageant cette tradition face aux crises contemporaines, notamment l’insécurité alimentaire. En effet, alors que 4,5 millions d’Haïtiens sont confrontés à des défis alimentaires, la Cassave, issue du manioc considéré comme “l’aliment du siècle” par l’ONU, représente une solution potentielle pour lutter contre la faim et s’adapter aux effets du dérèglement climatique. Cette inscription au patrimoine mondial est un engagement à partager des connaissances traditionnelles face aux enjeux globaux, affirmant ainsi le rôle d’Haïti et de ses voisins dans la conversation internationale.”

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