Affaire “Je Vais” : Fabrice Rouzier et Tonton Bicha s’affrontent devant la justice américaine
Le tribunal fédéral des États-Unis examine des versions contradictoires sur la paternité de la chanson “Je Vais”, un litige qui pourrait faire jurisprudence dans l’industrie musicale haïtienne.
Le différend opposant l’arrangeur et musicien haïtien Fabrice Rouzier à l’humoriste Tonton Bicha autour de la paternité de la chanson emblématique “Je Vais” poursuit son chemin devant un tribunal fédéral aux États-Unis. Selon les informations révélées par le journaliste culturel Carel Pedre, les deux parties ont récemment déposé des documents qui exposent des versions radicalement opposées de la création de l’œuvre.
Dans un document soumis au tribunal le 12 novembre 2025, Tonton Bicha demande à être reconnu comme co-auteur de la chanson.
Il affirme être à l’origine de l’idée, du texte et de l’interprétation du sketch intégré à l’œuvre finale, ce qui, selon lui, constitue plus de la moitié de la création.
Pendant des années, rappelle-t-il, plusieurs plateformes de streaming l’ont crédité comme auteur-compositeur, renforçant selon lui la preuve de sa contribution essentielle.
Bicha assure n’avoir jamais signé de document renonçant à ses droits et accuse Fabrice Rouzier de fraude pour avoir enregistré “Je Vais” au Copyright Office en 2025 sans mentionner son nom.
Convaincu d’être copropriétaire, il soutient qu’il était donc en droit d’autoriser Joé Dwèt Filé à utiliser la chanson dans son nouveau titre “4 Kampe”, écartant toute violation de droits d’auteur.
Dans son dépôt daté du 5 décembre 2025, Fabrice Rouzier rejette catégoriquement les affirmations de Tonton Bicha.
Le musicien soutient qu’il est l’unique auteur de la musique et des paroles, intégralement écrites dans son studio à Pétion-Ville en 2002.
Il affirme également être le créateur du passage “4 Kampe” et de l’histoire des 20 dollars, rédigés dans un script remis à l’interprète.
Selon Rouzier, Bicha n’était pas le premier choix pour le rôle et n’a fait qu’interpréter un texte prédéfini, après moins d’une heure d’enregistrement en studio. Il dit l’avoir rémunéré pour sa prestation.
Le musicien assure que Tonton Bicha a signé un document reconnaissant son statut d’interprète uniquement, sans droit sur la composition, un point qui, s’il est confirmé, pèserait lourd dans la décision du tribunal.
Il souligne également que l’humoriste n’a jamais revendiqué de droits sur la chanson durant plus de 20 ans et qu’en décembre 2024, lors d’une discussion sur le cas de Joé Dwèt Filé, Bicha aurait lui-même reconnu ne pas détenir de droits sur l’œuvre.
Le juge devra maintenant déterminer quelle version reflète le mieux les faits survenus en 2002 lors de la création de “Je Vais”. La décision pourrait avoir d’importantes répercussions pour l’industrie musicale haïtienne, souvent marquée par des collaborations artistiques informelles et le manque de mécanismes contractuels clairs.
Cette affaire, scrutée de près par la communauté culturelle, pourrait devenir un précédent majeur dans la gestion des droits d’auteur et la reconnaissance des contributions artistiques dans la musique haïtienne.

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