Les hommages affluent pour célébrer l’inscription du Konpa sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO 

Institutions et personnalités saluent l’annonce du Konpa haïtien officiellement inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO.

Des rues bouillonnantes de Port-au-Prince et des villes de province aux scènes mondiales où vibrent les communautés haïtiennes, le Konpa entre dans l’histoire de l’humanité. Ce mercredi 10 décembre 2025, l’UNESCO a officiellement inscrit le genre musical haïtien au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une consécration mondiale qui couronne 70 ans d’évolution musicale et d’héritage culturel, mais aussi un travail rigoureux, notamment celui de l’expert Ricarson Dorcé, auteur du dossier de candidature.

Sur son site officiel, l’UNESCO décrit le Konpa comme « un genre de musique et de danse populaire qui revêt une grande importance culturelle pour les communautés praticiennes ». Expression authentique de l’âme haïtienne, sa musique syncopée portée par guitares, claviers, tambours et empreinte d’influences africaines, européennes et autochtones, véhicule des thèmes profonds : amour, liberté, paix et résistance.

Dans un communiqué, la Primature a salué une victoire nationale.
Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé évoque « un jour de grâce, de fierté et de profonde émotion pour la nation haïtienne », affirmant que cette reconnaissance « honore la mémoire, la lutte et la passion de tout un peuple ».

Le communiqué, intitulé Racines et Rythmes : Le Konpa d’Haïti entre dans l’éternité de l’UNESCO, compare cette victoire à celle de la Soupe Joumou en 2021, plaçant le Konpa parmi les symboles majeurs de l’identité haïtienne. La Primature rend également un hommage vibrant à Nemours Jean-Baptiste, père du compas Direct, dont l’œuvre « bâtit des ponts entre les générations et les continents ».

Formé à l’Université Laval, l’ethnologue Ricarson Dorcé, véritable artisan derrière le dossier, rappelle l’importance culturelle du Konpa.
« C’est une danse emblématique d’Haïti, profondément enracinée dans la vie sociale et festive du pays », explique-t-il à Radio Canada.
Il insiste sur sa dimension sociale : « C’est un véritable espace de rencontres, de dialogue. C’est un véhicule de valeurs d’amour, de tolérance et de partage. »

Dans un message officiel, l’Ambassade de France à Port-au-Prince a salué cette inscription qui « met à l’honneur la créativité, le talent et la vitalité de la culture haïtienne ». L’institution diplomatique félicite les artistes, musiciens et acteurs culturels haïtiens qui « font vivre le compas au quotidien » en Haïti et à travers le monde.

L’ancienne ministre des Affaires étrangères Dominique Dupuy a réagi sur X, soulignant la portée symbolique de cette victoire dans un pays qui traverse une période difficile.
« L’inscription du Konpa sur la Liste du patrimoine immatériel de l’humanité est une ode à la joie », écrit-elle.

Elle souligne aussi la valeur politique et morale de cette reconnaissance :
« Notre contribution aux arts, aux sports, à l’avancement de l’humanité demeure encore et toujours possible. »

Elle rend hommage à celles et ceux qui ont porté ce dossier, dont l’ex-ministre de la Culture Emmelie Prophète, la Commission nationale d’Haïti pour l’UNESCO, ainsi que Ricarson Dorcé. Elle dédie cette victoire au regretté Dadou Pasquet, fervent défenseur du rythme haïtien.

Inventé dans les années 1950 par le saxophoniste Nemours Jean-Baptiste, le Konpa a traversé les décennies en servant de ciment social. Il a accompagné les moments les plus difficiles du pays, notamment après le séisme de 2010, offrant réconfort, unité et espoir.

Cette consécration internationale intervient quelques semaines après que le Conseil municipal de New York a voté la création du « Haitian Konpa Day », célébré chaque 26 juillet. Une preuve supplémentaire de l’impact profond de cette musique sur la diaspora et sur la ville de New York, initiative portée par la conseillère Rita Joseph.

Avec son inscription à l’UNESCO, le Konpa rejoint la Soupe Joumou et la Cassave au panthéon mondial du patrimoine immatériel.
Cette reconnaissance ouvre de nouvelles perspectives pour la promotion culturelle, touristique et identitaire d’Haïti.

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