Le rapport de l’INDDESC pointe l’effondrement des infrastructures scolaires et l’inaction du Ministère de l’Éducation et du Fonds National de l’Éducation.
Après deux années d’enquête, l’Institut National pour la Défense des Droits Économiques, Sociaux et Culturels (INDDESC) publie un rapport sur l’état de délabrement des infrastructures scolaires dans plusieurs régions d’Haïti, notamment à Bainet (sud-est) et dans le nord-ouest du pays.
Le document, rendu public, décrit des écoles sans bancs ni tableaux, des bâtiments fissurés ou en ruine, une pénurie chronique de matériel pédagogique et une absence criante de supervision administrative. Dans certains cas, les établissements sont paralysés par l’insécurité ou tout simplement abandonnés par les autorités compétentes.
Ces constats font suite à la suspension du Programme de Scolarisation Universelle Gratuite Obligatoire (PSUGO), lancé sous l’administration de l’ancien président Michel Joseph Martelly et destiné à garantir l’accès à l’éducation des enfants les plus vulnérables. Depuis avril 2023, l’INDDESC mène un travail continu de documentation, d’investigation et de plaidoyer pour dénoncer ce qu’il qualifie de « violation grave et systématique du droit à l’éducation ».
Malgré des démarches officielles engagées depuis fin septembre 2025 auprès du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) et du Fonds National de l’Éducation (FNE), les résultats se font attendre. Un premier atelier, tenu le 14 octobre, avait pourtant abouti à des engagements : soutien aux écoles concernées, ajout de cinq établissements et demande d’un rapport technique détaillé.
L’INDDESC a fourni ce rapport le 22 octobre, élaboré en concertation avec les directeurs d’écoles et listant les besoins prioritaires en infrastructures et matériels. Mais lors d’une seconde rencontre, le 28 octobre, le MENFP a semblé faire marche arrière, exigeant une nouvelle vidéo de sensibilisation malgré l’abondance de preuves déjà transmises. Le FNE, quant à lui, n’a donné aucune réponse, renforçant les soupçons d’opacité et de mauvaise gestion qui pèsent sur l’institution.
« L’éducation n’apparaît, une fois de plus, ni comme une urgence ni comme une priorité pour l’organisme chargé de la financer », déplore l’INDDESC dans son document.
L’Institut rappelle que le droit à l’éducation est garanti par la Constitution haïtienne, la Déclaration universelle des droits de l’Homme et plusieurs conventions internationales ratifiées par Haïti. Face au silence persistant des autorités, l’INDDESC annonce le renforcement de ses actions : poursuite des enquêtes, alertes publiques, plaidoyer national et international, et soutien aux directeurs d’écoles et communautés affectées.
Plus de cent établissements, dont une dizaine à Bainet, attendent toujours des mesures concrètes. « Aucun enfant ne doit être condamné à apprendre dans des conditions indignes, dangereuses et contraires à la dignité humaine », conclut l’INDDESC.
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