Note sur la politique monétaire de la BRH : les perspectives pour l’économie dépendent des développements sociopolitiques et de l’insécurité
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Le quatrième trimestre de l’exercice 2023-2024, abordé dans la note relative à la politique monétaire de la Banque centrale, montre que les prévisions de croissance des autorités publiques tablent sur un recul de 4 % du PIB pour l’année fiscale 2024. Cela reflète la plus longue période de récession enregistrée par l’économie haïtienne, soit six années consécutives de contraction économique. Au niveau national, la persistance des chocs multidimensionnels continue d’entraver les activités dans tous les secteurs économiques. Ce climat défavorable a provoqué, selon la BRH, un rétrécissement du tissu industriel et une réduction de la production agricole, déjà fragilisée par les aléas climatiques. Il en résulte une accentuation des pressions inflationnistes, malgré une gestion des finances publiques favorable à une certaine stabilisation de la gourde par rapport au dollar américain.
La période de juillet à septembre 2024, prise en compte dans cette analyse, a coïncidé avec un changement de gouvernement, marqué par la prise de fonction de l’ancien Premier ministre Garry Conille. Durant cette période, la Banque centrale affirme avoir poursuivi ses actions visant à maintenir la stabilité du taux de change, à limiter les tensions inflationnistes et à garantir des conditions de financement favorables à une reprise potentielle des activités économiques, à condition que la situation sécuritaire s’améliore.
Impact de la crise généralisée
« L’enlisement de la crise généralisée continue d’impacter négativement l’activité économique. Cette conjoncture délétère a entraîné la défaillance de nombreuses entreprises. Cela s’est traduit par un déclin de la production dans l’ensemble des secteurs d’activité, contribuant à la dégradation du marché de l’emploi déjà fragilisé par les vagues migratoires favorisées par les programmes d’émigration internationaux. De même, les activités agricoles ont été contraintes par le déplacement forcé de certains exploitants agricoles, alors que le rendement de ce secteur demeure conditionné aux chocs climatiques et à la non-disponibilité de certains intrants », précise la note.
Sur les finances publiques
Selon la BRH, l’exécution budgétaire au cours du dernier trimestre de l’exercice fiscal 2024 a été entravée par le ralentissement des activités économiques et les chocs sociopolitiques qui ont affecté la collecte des taxes et l’exécution des dépenses de l’État. Les recettes fiscales perçues par le gouvernement, établies à 42,105 milliards de gourdes au dernier trimestre de l’exercice, ont affiché un repli de 2,2 % par rapport au trimestre précédent.
En comparaison avec l’exercice fiscal précédent, les recettes fiscales ont diminué de 3,3 % (166,983 milliards de gourdes au 30 septembre 2024 contre 172,671 milliards de gourdes au 30 septembre 2023), représentant 96,7 % des prévisions du budget rectificatif 2023-2024. Parallèlement, les dépenses publiques ont chuté de 32,14 %, atteignant 32,926 milliards de gourdes au cours de la période sous étude.
Décision de politique monétaire et stabilité du taux de change
La note souligne qu’au cours du quatrième trimestre 2023-2024, la politique monétaire a visé la stabilisation des prix et du taux de change, tout en évitant de pénaliser l’activité économique. La BRH a poursuivi sa politique de reprise de la liquidité excédentaire du système financier grâce à des émissions renforcées de bons BRH, tout en maintenant les taux directeurs et les coefficients de réserves obligatoires inchangés.
La stabilité continue du taux de change, soutenue par le dynamisme des transferts privés de la diaspora et des mesures de régulation ajustées par la Banque centrale, a permis des interventions nettes à l’achat totalisant 161 millions de dollars US au dernier trimestre et un cumul de 470,4 millions de dollars US pour l’exercice. Ces interventions ont contribué au renforcement du coussin de réserves internationales et à une meilleure marge de manœuvre pour une éventuelle reprise des activités.
Les perspectives pour l’économie haïtienne
La BRH affirme que les perspectives pour 2024-2025 sont « tributaires de l’évolution du cadre macroéconomique mondial, des développements sociopolitiques et de la situation sécuritaire dans le pays ».
À court terme, la performance du secteur agricole dépendra du desserrement des contraintes dans les circuits de commercialisation des denrées alimentaires, à la suite d’une récolte de printemps satisfaisante. Cela pourrait améliorer l’offre et la distribution des produits locaux entre les différentes régions, avec des répercussions positives sur l’évolution des prix.
Sur le plan fiscal, l’atteinte des objectifs de recettes fixés dans le budget 2024-2025 est essentielle pour maintenir un financement monétaire nul, favorable à une inflation et un taux de change contenus. Enfin, la progression des échanges extérieurs et des transferts privés sera fortement influencée par une reprise économique dépendant de l’amélioration du climat sécuritaire et du dynamisme de l’économie américaine, principal pays de provenance des transferts migratoires.
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