Un virage crucial pour la gouvernance, la transparence et la lutte contre la corruption en Haïti
Les autorités haïtiennes multiplient les efforts pour améliorer la gouvernance financière et lutter contre la corruption, dans un contexte institutionnel toujours fragile, selon le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF). Les priorités immédiates portent notamment sur la gestion publique, la réduction des risques de corruption dans l’administration des recettes et le renforcement de la reddition de comptes en matière de corruption grave, de crime organisé et de blanchiment d’argent. Le gouvernement est également encouragé à finaliser l’évaluation nationale des risques liés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, étape cruciale pour permettre à Haïti de sortir de la liste grise du GAFI.
Pour atteindre cet objectif, le renforcement de la mobilisation des recettes publiques demeure un défi majeur. Les faiblesses institutionnelles continuent d’affecter la capacité de l’État à collecter efficacement les impôts et à assurer une utilisation optimale des ressources disponibles. Selon les recommandations, la connexion automatisée entre les systèmes fiscaux et douaniers doit devenir pleinement opérationnelle, tandis que les services de déclaration et de paiement en ligne doivent être accessibles à tous les grands contribuables dans l’ensemble des banques commerciales, prévient le MEF.
L’amélioration de l’exécution budgétaire constitue également une priorité, particulièrement pour les dépenses sociales et celles destinées à la sécurité publique. Une gestion rigoureuse de la trésorerie, combinée à une meilleure évaluation des projets et à une hiérarchisation budgétaire plus cohérente, apparaît indispensable pour soutenir les populations vulnérables et moderniser les infrastructures essentielles du pays. Ces efforts s’inscrivent dans la continuité de l’Évaluation de la gestion de l’investissement public réalisée par le FMI en 2022.
Sur le plan monétaire, la Banque de la République d’Haïti (BRH) a gagné en crédibilité grâce à l’arrêt du financement monétaire du déficit budgétaire. Dans un environnement économique instable, les interventions sur le marché des changes doivent viser la préservation des réserves internationales et la stabilité du taux de change. Le FMI insiste également sur la nécessité d’accélérer les réformes en matière de supervision bancaire, tant sur le terrain qu’à distance.
Malgré ces avancées, Haïti fait face à des besoins de développement considérables qui dépassent largement ses capacités actuelles de financement. Pour éviter une aggravation de l’endettement et consolider les progrès réalisés dans le cadre du Programme Moniteur (SMP), l’aide internationale devrait se présenter principalement sous forme de dons, et non de prêts non concessionnels. Ce soutien est essentiel pour répondre à l’urgence humanitaire, renforcer les services sociaux et relancer l’économie sur des bases durables.
« Haïti ne pourra retrouver une trajectoire de croissance solide et améliorer les conditions de vie de sa population que si la communauté internationale apporte un appui ciblé et adapté, fondé principalement sur des dons », souligne un expert du FMI ayant participé aux discussions techniques. Cette position reflète la nécessité d’un soutien soutenu pour compenser les faiblesses structurelles de l’économie haïtienne.
Dans le cadre de sa stratégie pour les États fragiles et touchés par des conflits, le FMI réaffirme sa volonté de travailler étroitement avec les partenaires internationaux d’Haïti. Les efforts porteront notamment sur la gouvernance, la transparence et le renforcement des capacités institutionnelles, des piliers essentiels pour accompagner le pays sur la voie de la stabilité économique et de la reconstruction.

À lire aussi :
Related News
Le CPP et d’autres organisations appellent l’IGPNH à enquêter sur les violences poli...
USCIS annonce la fin officielle du TPS pour les haïtiens
52 ans d’attente : le retour d’Haïti en Coupe du Monde, un miracle qui rassemble un p...