Mort de Stephora Joseph : l’autopsie confirme une asphyxie mécanique et révèle une série de négligences graves
Le rapport médico-légal et l’enquête du parquet mettent en lumière des manquements accablants dans la surveillance des élèves et l’organisation d’une sortie interdite par la loi.
Vingt-cinq jours après le drame, la cause présumée du décès de Stephora Ann-Merci Joseph, 11 ans, a finalement été révélée. Selon le rapport médico-légal 552-2025 de l’Institut national des sciences médico-légales, l’enfant est décédée d’une « asphyxie mécanique par noyade », qualifiée de mort violente. Le mécanisme du décès, décrit comme une « insuffisance respiratoire », indique une mort rapide. Toutefois, l’étiologie médico-légale demeure « indéterminée ».
Le document officiel n’établit pas clairement l’heure du décès. Bien que le parquet situe le début des événements à 9 h 44, lorsque l’élève est entrée dans la piscine, son corps n’a été retiré de l’eau qu’à 14 h 05, une zone d’ombre de près de quatre heures qui n’est pas éclaircie par le rapport.
Selon la reconstitution fournie par le ministère public, Stephora a marché d’un pas assuré dans une piscine non balisée, avant de se retrouver au milieu, où la profondeur changeait brutalement. C’est à ce moment qu’elle a commencé à couler, agitant les bras pour demander de l’aide. « À 9 h 45, la mineure luttait désespérément pour respirer, pour rester à flot, pour survivre », indique la déclaration du parquet.
Pendant ce temps, l’accusée Francisca Josefina Tavárez Vélez, chargée de la surveillance, aurait longé le bord de la piscine sans se retourner, avant de marcher vers le jacuzzi pour discuter avec d’autres enfants. Elle est ensuite repassée devant la victime sans réagir, selon les images analysées par le Département des crimes et délits de haute technologie (Dicat).
Le corps de l’enfant est resté 30 minutes au fond de la piscine, avant qu’un autre mineur ne le repère après sa remontée à la surface. « Elle s’est noyée, elle s’est noyée », a crié l’enfant en appelant l’accusée Vilma Altagracia Vargas Morel. Celle-ci, selon l’enquête, utilisait son téléphone portable pendant toute la durée de la noyade, sans surveiller la piscine, une scène filmée par les caméras de sécurité.
L’enquête révèle également qu’à 10 h 20, alors qu’un employé et plusieurs élèves insistaient pour appeler le 911, Francisca Tavárez aurait déclaré : « Non. Ils appellent le directeur. » Ce n’est qu’après avoir contacté l’école, puis les responsables, que les secours ont finalement été alertés, bien trop tard, puisque Stephora était déjà décédée.
La mère de l’enfant, arrivée peu après midi, a été tenue à l’écart. On lui a d’abord affirmé que sa fille recevait des soins, alors que son décès était déjà connu depuis des heures. Elle n’a officiellement été informée de la mort de sa fille que quatre heures après son arrivée sur les lieux.
Le rapport précise également que l’activité baptisée « Célébration de la Garde d’honneur », au cours de laquelle se déroulait la sortie, a été organisée en violation de l’arrêté ministériel 09-2009, qui interdit strictement toute activité récréative dans les rivières, plages, lacs et piscines. Malgré cette interdiction, l’établissement a maintenu la sortie pour 87 élèves, âgés de 10 à 18 ans.
Le site choisi, l’Hacienda Los Caballos, ne disposait ni de sauveteurs, ni de signalisation, ni de voies d’évacuation, ni de protocoles d’urgence, selon la Protection civile.
Face à la gravité des faits, le ministère public a requis contre les quatre responsables une caution de 50 millions de pesos chacune, l’interdiction de quitter le territoire, le port de bracelets électroniques et des présentations régulières devant le procureur.
Les personnes visées sont :
Yris del Carmen Reyes Adames, directrice administrative ;
Gisela Altagracia González Estrella, coordinatrice générale ;
Francisca Josefina Tavárez Vélez, conseillère ;
Vilma Altagracia Vargas Morel, coordinatrice du secondaire.

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