Saut-d’Eau, haut lieu de pèlerinage et symbole du syncrétisme religieux haïtien, sous l’emprise des gangs 

La commune de Saut-d’Eau, réputée pour sa richesse spirituelle et sa symbolique religieuse, est tombée depuis plusieurs jours sous le contrôle de gangs armés, notamment ceux de la coalition criminelle « Viv Ansanm ». Ce territoire, connu pour sa célèbre chute d’eau, devient aujourd’hui le théâtre d’une démonstration de force et d’impunité de groupes criminels.

Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre un membre influent de cette coalition se baignant dans la cascade de Saut-d’Eau, un acte perçu par beaucoup comme une provocation et une tentative de profanation d’un lieu vénéré par des milliers de pèlerins. Ce geste marque, en même temps, l’emprise totale de ces groupes sur la ville, où l’État haïtien semble avoir perdu tout contrôle, à l’image de ce qui s’est également produit récemment à Mirebalais.

Saut-d’Eau n’est pas une commune comme les autres. Elle doit son nom à la majestueuse chute d’eau issue de la Montagne Terrible. Ce site attire chaque année, entre le 8 et le 16 juillet, plus de 200 000 personnes à l’occasion de la fête patronale. En dehors de cette période, des milliers d’autres pèlerins y viennent tout au long de l’année dans une quête de purification du corps et de l’âme.

Symbole fort du syncrétisme religieux haïtien, Saut-d’Eau est un carrefour spirituel où chrétiens, toutes dénominations confondues et adeptes du Vaudou se rassemblent pour célébrer leur foi. Les croyants catholiques y honorent Notre-Dame du Mont-Carmel, tandis que les vaudouisants y viennent en nombre pour rendre hommage aux loas, notamment Erzulie, esprit de l’amour et de la fécondité.

Aujourd’hui, ce lieu sacré est bafoué, sa signification spirituelle piétinée par la violence armée. L’inquiétude est grande quant à la tenue de la prochaine fête patronale, alors que les violences armées ne cessent de s’étendre dans le pays.

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