« Nous allons juger ce gouvernement sur ces actes… et très vite » dixit Jerry Tardieu

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« Nous allons juger ce gouvernement sur ces actes… et très vite » dixit Jerry Tardieu

Ce 12 juin 2024, un nouveau gouvernement a été installé pour gérer la transition dans des circonstances aussi inédites que dramatiques. La cérémonie d’investiture s’est déroulée à la villa d’accueil en présence de plusieurs hautes personnalités diplomatiques et politiques. Présent à cette cérémonie, l’ancien député de Pétion-ville Jerry Tardieu a précisé au micro de Juno7 que les attentes de la société, à propos de ce gouvernement, sont nombreuses. Avec fermeté, Jerry Tardieu a lancé d’un ton grave : « Nous allons juger ce gouvernement sur ces actes… et très vite ». Il n’y aura donc pas de chèque en blanc pour le nouveau gouvernement invité à se mettre au travail sans perdre de temps pour lancer les « bons signaux ».

Pour le leader du parti politique En Avant, le gouvernement devra mettre l’emphase sur au moins quatre défis majeurs dont le premier est celui de Gouverner en harmonie avec le conseil présidentiel. Selon Tardieu,

« Haïti se retrouve aujourd’hui dirigé par (d’un côté) une collégiale de sept membres (votants) devant théoriquement jouer le rôle de la présidence et de l’autre un Premier ministre qui, même s’il a été nommé par ce conseil présidentiel de transition, n’est pas tenu de lui vouer une allégeance. Cette formule inédite ne marchera que si les acteurs impliqués ne se marchent pas sur les pieds et accordent leurs violons pour exécuter ensemble la feuille de route imposée par l’accord du 3 avril qui fixe un cap ».

« Le deuxième défi est celui de rétablir la sécurité » affirme Jerry Tardieu qui ajoute que « de manière générale, le Premier ministre et son gouvernement ont pour obligation de mettre en œuvre un plan de sécurité qui devra libérer la capitale et les routes nationales prises en otage par les bandes armées. A ce propos, le gouvernement devra aussi définir les termes de référence de l’appui qu’apportera la force multilatérale aux forces policières haïtiennes pour combattre effectivement les gangs et rétablir la paix sur les 27,000 Km2.

Le troisième défi, ajoute Jerry Tardieu, est de réformer la constitution qui suscite de grandes préoccupations puisque son applicabilité se heurte à des faiblesses et lacunes reconnues par tous les experts sur la question. Jerry Tardieu recommande aux autorités de la transition la mise en place d’un comité mixte de relecture des deux rapports d’État existant actuellement, c’est-à-dire celui de la commission spéciale sur l’amendement de la constitution de la cinquantième législature et celui du comité consultatif indépendant pour une nouvelle constitution mis en place par Jovenel Moise.

Pour Tardieu, quel que soit la formule retenue pour cette révision, elle doit tenir compte de l’impérieuse nécessité de préserver les acquis démocratiques et les valeurs républicaines et doit être soumis au vote populaire.

En dernier lieu, Jerry Tardieu rappelle l’importance pour le gouvernement de former un conseil électoral crédible qui inspire confiance aux forces politiques qui entendent concourir aux prochaines élections. Il doit être formée de personnalités non conflictuelles jouissant d’une réputation d’intégrité. Les prochaines élections devront être libres honnêtes, transparentes et démocratiques ce telle sorte qu’elles ne soient pas contestées et n’ouvrent pas la voie (une énième fois) à un autre cycle d’instabilité.

Outre ces défis de nature politique, Tardieu estime qu’il y a également un défi économique à relever puisque le gouvernement devra urgemment prendre des dispositions pour redémarrer l’économie nationale asphyxiée par les gangs. En effet, le chaos politique des trois dernières années a ruiné nos agriculteurs, les opérateurs touristiques, les professions libérales et les entreprises tant au niveau des micros et petites que des grandes et moyennes. L’inflation atteint des niveaux record exacerbés par l’instabilité et l’insécurité. Pays le plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes, Haïti connaîtra en 2024 sa cinquième année de croissance négative.

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