Quels souvenirs avez-vous de « Bò Katedral » ?

The content originally appeared on: juno7 – Haïti News

« Bò Katedral » , souvenirs d’un marché légendaire en voie de disparition à cause de la violence des gangs.

Depuis le week-end dernier, les souvenirs de « Bò Katedral » sont au cœur des discussions sur les réseaux sociaux. Cette expression, ancrée dans la culture populaire haïtienne, évoque une réalité bien connue des habitants de la région métropolitaine : celle des contrefaçons et des petites escroqueries qui faisaient autrefois le quotidien du marché situé autour de la cathédrale de Port-au-Prince.

« Bò Katedral » est devenu au fil des temps synonyme de transactions douteuses. Acheter un pantalon noir qui devient blanc après le premier lavage, faire réparer un téléphone qui ne fonctionne plus une fois à la maison, ou encore acquérir une belle paire de tennis qui se déchire après une semaine : voilà quelques-uns des nombreux témoignages partagés par les internautes. Ces anecdotes illustrent comment certains commerçants aux alentours de la Cathédrale de Port-au-Prince trompaient leurs clients avec des produits de qualité inférieure ou des contrefaçons.

« Bò Katedral » , une expression qui en dit long

L’expression « Bò Katedral » ne se limite pas à décrire une simple localisation géographique. Elle porte en elle une critique implicite des pratiques commerciales qui y avaient cours. C’était un endroit où la méfiance était de rigueur, où l’illusion de la bonne affaire pouvait rapidement se transformer en désillusion.

“Je n’oublierais pas que j’étais allé “Bò Katedral” en 2009, j’étais allé acheter une télévision. Tu ne me demandes pas de raconter, c’est moi qui te dis : J’ai passé presque 30 minutes à regarder la télé devant le vendeur, et quand je suis arrivé chez moi, la télé ne pouvait pas s’allumer. Je suis redescendu, le vendeur a juré que c’était moi qui avais abîmé la télé et que je revenais la rapporter. J’étais tellement surpris que je n’ai rien dit au vendeur. C’est là que j’ai vraiment compris quand on dit que si tu achètes quelque chose “Bò Katedral”, tu risques de te faire arnaquer”, se rappelle Smith, un père de trois enfants.

« Bò Katedral », un lieu en péril à cause de la violence des gangs

Aujourd’hui, « Bò Katedral » est presque un souvenir. La violence des gangs a transformé le centre-ville de Port-au-Prince en une zone de non-droit. Les commerces ont été détruits, les marchands ont fui, et les habitués n’osent plus s’y aventurer. La terreur et l’insécurité ont remplacé l’activité effervescente qui animait jadis les rues autour de la cathédrale.

Les discussions des internautes qui ont eu lieu le week-end dernier révèlent une nostalgie profonde. Malgré les arnaques, « Bò Katedral » était un lieu de vie, un carrefour où se rencontraient vendeurs et acheteurs dans une ambiance unique. Les souvenirs de pantalons qui déteignent et de téléphones défectueux sont empreints d’une certaine tendresse pour une zone qui faisait partie intégrante de l’identité de la ville avec la présence de la Cathédrale, un espace qui a accueilli par le passé beaucoup de présidents lors des investitures et des grandes fêtes.

Alors que la violence continue de ravager le centre-ville de Port-au-Prince, les souvenirs de « Bò Katedral » restent vivants dans la mémoire collective. Ils témoignent d’une époque révolue, d’un quartier où le commerce, bien que souvent douteux, faisait battre le cœur de la ville. « Bò Katedral » représente à la fois un avertissement et une nostalgie, rappelant les complexités et les contradictions de la vie urbaine en Haïti.

À lire aussi:

Les sociétés de cryptomonnaies NovaTech et AWS Mining poursuivies pour fraude